3 décembre. Messak et Wadi Makhtendouch – Les Perdrix
Le matin, il fait un froid de canard, et je décide le lendemain de sortir ma combinaison de ski pendant l’heure cruelle 7h00 à 8h00 où le soleil est encore couché, il a de la chance, lui.
Nous quittons subitement le sable dur pour le plateau du Messak, qui est un champ de cailloux énormes et ininterrompu. Toute la mécanique proteste et dans des passages plus difficiles, nous dégageons à la main les plus grosses pierres. Heureusement les compagnies de recherches pétrolières ont tracé des pistes au Bulldozer pour leurs camions de matériel. Sauf que leurs camions ont des roues de deux mètres, soit un de plus que nous. Gaëlle, je suis maintenant sûr que l’Audi, que tu veux , n’aura pas sa place sur le plateau du Messak. Je rédige ceci, pendant que nous roulons à 5 à l’heure, d’où les fautes d’orthographe.
Nous arrivons en vue du Wadi Makhtendouch, dont un des sites les plus remarquables est clôturé et gardé par un péage. A 200 m du péage, nos voitures font se lever une compagnie de perdrix. Deux coups de feu claquent par la vitre de la voiture du guide et trois perdrix sont tirées. Cela ne fera pas lourd au dîner.
Nous convenons, en cas de questions indiscrètes des gardiens du péage, de dire qu’un pneu a éclaté. Un pneu et deux détonations, cela me paraît gros, mais les gardiens ne remarquent rien, assez contents de percevoir le droit d’entrée.
Les gravures, leur style très élaboré, leur nombre et leur variété sont au-delà de toute description et donc je m’en abstiendrai les photos étant les meilleures oratrices.
Les gravures sont situées sur les plaques verticales de rochers en grés qui constituent les parois de l’oued. Ces parois sont hautes de 50 mètres environ, mais les gravures sont situées à la base dans le fond de l’oued et jamais à plus de 10 m de hauteur. L’oued est encore verdoyant et les acacias procurent aux visiteurs une ombre bienvenue en milieu de journée.
Dans cette première portion du Wadi, plus de 200 scènes se succèdent sur 2 km. C’est un bestiaire complet : éléphants, girafes, vaches. Très peu de figures humaines.
C’est un véritable musée à ciel ouvert. Les têtes de vaches rappellent étonnament la tête de taureau qui orne le tableau Guernica de Picasso.
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Après déjeuner, nous repartons à quelques km à l’ouest pour une nouvelle portion du wadi qui se révèlera encore plus riche en gravures, avec notamment, des scènes domestiques et une éléphante suivie de son petit d’une qualité étonnante. Toutes ces gravures sont vieilles de 4.000 ans, à l’époque où l’oued abritait une faune qui a refluée depuis, au-delà du Sahara. Le Wadi est le seul cordon de vie dans ce plateau lunaire.
Entre midi et trois heures, soleil de plomb et seuls Francis et Jean-Pierre continuent leur quête de gravures. C’est assez pratique pour les feignasses que nous sommes et qui roupillent, car vers 16h00 et à l’ombre nous partons droit sur leurs découvertes.
Nous bivouaquons le soir dans le fond du Wadi, face à la paroi rocheuse dans un paysage digne du parc de Serengueti. En voulant nous attaquer à un acacia mort pour trouver du bois de chauffe, une aiguille transperce la tong de Jean-Pierre et s’arrête sur l’os de son pied. Nous renonçons, score 1-0 pour l’acacia, qui triomphe par K.O. technique. Ses épines peuvent facilement transpercer un pneu renforcé.
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