Pour ceux d’entre vous, et en particulier mon fils Charles du haut de ses 13 ans, qui ne sont pas familiers avec cette période de l’histoire, je vais tenter d’en expliquer le déroulement et les enjeux. Une petite récré avant le cours magistral.
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Fin 1940, les combats en Europe vont se déplacer vers la périphérie. L’Allemagne comprend après la défaite de la Bataille d’Angleterre et l’échec du Blitz sur Londres, qu’elle ne parviendra pas à réduire l’Angleterre par un assaut frontal. Comme disait Churchill, « Nous attendons les allemands, les poissons, aussi ». Hitler pense décourager l’Angleterre en la privant d’un allié potentiel l’URSS et prépare déjà les plans de l’opération Barbarossa qui verra l’attaque surprise contre l’URSS prise au dépourvu. Parallèlement, la guerre sous-marine se développe à l’avantage des allemands, en dépit de leur faible nombre de sous-marins. Chaque mois, plusieurs centaines de milliers de tonne de navire et de cargaisons finissent par le fond dans ce qui s’est appelé la Bataille de l’Atlantique.
L’Angleterre, après la perte de tout son matériel lourd à Dunkerque, cherche à porter la guerre là où cela lui est possible, c'est-à-dire en Egypte et en Libye contre l’allié italien d’Hitler.
Cette première campagne qui va opposer Italien et Anglais se traduit par une défaite monumentale des italiens, mal armés, mal commandés et surtout peu motorisés. L’armée anglaise forte de 35.000 hommes, mieux équipés en blindés, va défaire les italiens qui disposent de plus de 200.000 hommes.
Les combats qui vont se dérouler portent déjà la marque des campagnes qui vont suivre. La supériorité des blindés et surtout leur emploi intelligent, c'est-à-dire groupés, va faire la différence. La conquête d’un terrain désertique ne signifie rien et s’avère même un handicap en allongeant démesurément les lignes de communication, usant les hommes et le matériel et rendant le ravitaillement très improbable. Les campagnes d’Afrique seront un incessant yoyo de 2.000 km entre les troupes de l’Axe basées à Tripoli et les anglais en Egypte. L’avancée de l’un des adversaires entrainant inéluctablement son affaiblissement et par contre-coup permettant à l’autre adversaire de se ressaisir comme un boxeur dans les cordes du ring et de raccompagner son adversaire à sa base de départ.
La guerre dans le désert ressemble à une guerre d’escadre sur mer, sans population civile, des distances infinies et des paysages sans relief, la nécessité de se ravitailler fréquemment et pour de longues distances, la difficulté de trouver son adversaire dans ces immensités et enfin des conditions climatiques extrèmes.
Il fait 60°C dans un char et un film d’actualités montre des œufs sur le plat cuits en 30 secondes, posés à même le blindage d’un char. Les mouches, avant les traitements massifs au DDT rendent la vie impossible aux combattants. Un autre film d’actualités montre des soldats au bivouac entièrement protégés par des moustiquaires, leurs assiettes couverts de centaines de mouches…de quoi devenir fou.
L’identification des colonnes motorisées est un vrai casse-tête, renforcé par l’utilisation massive par les allemandes de matériels pris aux anglais. Rommel roulait dans une voiture de commandement de marque anglaise et les camions Bedford ont bien souvent remplacés les camions Opel Blitz des allemands. Les anecdotes abondent dans les deux camps, de véhicules égarés s’insérant la nuit dans des convois ennemis et les quittant à l’aube.
Crédit photo "Incident at Djebel Sherif" de Kuno Gross |
Proche de l’effondrement, Mussolini appelle les allemands à son secours. Hitler, déjà absorbé par la préparation de l’invasion de l’URSS va faire le minimum pour éviter l’effondrement de son allié. Seule la portée psychologique de cette action l’inspire. L’intérêt stratégique de s’emparer du canal de Suez et à plus long terme des champs pétroliers du Moyen-Orient lui échappe complètement. En avril 1941, deux mini-divisions blindées sont expédiés à la hâte à Tripoli sous le commandement du dynamique Rommel.
Celui-ci débarque avec des ordres stricts de stabiliser le front et en aucun cas de ne prendre l’offensive avant l’automne. A peine débarqué, il passe à l’attaque, bouscule les anglais pris à contre-pied et les reconduits jusqu’en Cyrénaïque.
Avec l’arrivée de Rommel, et à partir de cette période, les alliés seront toujours dominés malgré une supériorité matérielle de 1 pour 2 dans la plupart des domaines. Ce n’est qu’en Novembre 1942 que la perspective de la victoire reviendra avec l’offensive d’El Alamein en Egypte et une supériorité matérielle alliée considérable. Rommel pratique l’art de la surprise, commande au plus près ses troupes ce qui lui permet de monter des manœuvres d’encerclement fulgurantes et de battre les divisions anglaises par petits paquets. A l’inverse, le commandement anglais, installé dans des quartiers généraux loin du front, mal informés ou disposant d’informations périmées s’avère incapable de réactions rapides permettant le regroupement de ses forces. Jamais les anglais, malgré la valse des généraux qui se sont succédés, ne surmonteront ce handicap, voire cette inertie.
En réalité, le sort de la campagne d’Afrique va se jouer en Méditerranée, sur l’ile de Malte. Ce porte-avion incoulable, à mi-chemin entre l’Italie et la Libye permettra l’attaque aérienne des convois de ravitaillement de l’Axe et enverra par le fond une partie considérable du tonnage. En outre, les anglais disposent d’espions ayant accès au commandement italien et surtout décodent tous les messages allemands codés par leur machine Enigma. Ils connaissent les itinéraires et dates des convois maritimes de ravitaillement qui sont inéluctablement envoyés par le fond par la Navy ou la R.A.F. à Malte.
Le journal personnel de Rommel est une longue plainte à-propos de l’absence de ravitaillement en essence, matériels et munitions. Les prises de matériels sur les anglais ont largement permis aux allemands de se rééquiper. Si la partie devait se rejouer, les italiens aurait du s’emparer, dès Juin 40, de Malte, alors peu défendue. Les allemands commettent la même erreur en préférant continuer à se battre en Libye et à pousser vers l’Egypte, jusqu’à l’épuisement, plutôt que de régler son compte à Malte. Il est vrai que les pertes considérables subies par les parachutistes allemands lors de la prise de la Crète avaient virtuellement sonné le glas de toute attaque aéroportée d’envergure.
Les anglais de leurs côté consentiront tous les sacrifices pour ravitailler cette île au bord de la famine. La Royal Navy et la Merchant Fleet connaitront leur chemin de croix lors des convois de ravitaillement de Gibraltar vers Malte.
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