La citation du jour

Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche



25 décembre 2010

Non, la Land-Rover n'a pas collaboré.

En écrivant l'article sur la projection du film "un Taxi pour Tobrouk" dans la Grande Mer de Sable le 13 Novembre 2010, j'ai colporté une rumeur infâme, à l'insu de mon plein gré.
Je cite l'article en question
"Au programme, comme prévu, « Un Taxi pour Tobrouk », qui donnent lieu aux commentaires peu flatteurs sur les Land-Rover qui s’ensablent dans 3 centimètres de sable. Nos super connaisseurs ont reconnu que la voiture allemande est en fait un Land Rover série 1 maquillé pour les besoins du film. Françouse Gross Filou."

Jacques S. a immédiatement réagi en rétablissant la vérité historique et sans me provoquer en duel, comme l'aurait voulu l'honneur des Land-Rover.
La question est de savoir à qui profite le crime : Hic Facit Quid Prodest. 
C'est sûrement un coup des Yakusas, les gangsters japonais, grassement stipendiés par la firme Toyota.

Voici la contribution éclairée de Jacques :

A propos du film (que j'apprécie aussi beaucoup), j'ai peur que vos amis n'aient fait une légère erreur. Le véhicule qui donne son nom au film (et au livre) est bien un engin allemand d'époque, et non "un Land Rover série 1 maquillé pour les besoins du film". Je m'étais intéressé à la question il y a déjà un certain temps, et je vous donne les détails en PJ. D'ailleurs, quel boulot le maquillage n'aurait-il pas représenté !
On peut donc en déduire que les "commentaires peu flatteurs" à propos des Land Rover ne sont pas justifiés, et que les Franzosen ne sont pas si Gross Filous que ça.
 

 Contrairement à une légende tenace, il ne s'agit pas d'une Land Rover série I "bricolée" pour les besoins du film, mais d'un authentique véhicule allemand dont la production a débutée dès 1935 sous de multiples versions. Selon la terminologie de l'armée, on trouve des mPKW, sPKW, Kfz 12, Kfz 15, sPKW II, correspondant chacun à un type particulier (2, 4 ou même 6 roues motrices , 4 roues directrices, aménagements divers, etc.). La plupart seront produits par Krupp, quelques-uns par Horsch (qui deviendra Auto Union, puis Audi), et peut-être même par l'usine autrichienne Steyr.

En l'occurence, notre "taxi" ressemble beaucoup à un KfZ 15, proche du modèle ci-dessus. C'est une version "Afrique", reconnaissable au condenseur sur le capot destiné à récupérer l'eau du radiateur, éventuellement  pour les besoins des passagers !

Où et comment l'engin a-t-il été retrouvé pour les besoins du film, mystère. Mais à la date du tournage, il devait subsister un certain nombre de véhicules de l'Afrika Korps en Afrique du Nord, surtout en Tunisie.

Pour l'anecdote, une version a même été dotée de roues de secours montées en roues d'appui "folles" destinées à aider au passage  de crêtes.



Sur cet exemplaire Flak, marqué de l'insigne de l'Afrika Korps, les roues d'appui sont démontées.


Merci Jacques d'avoir réhabilité l'honneur des Land-Rover. Au fait, qu'est ce que tu as comme voiture ?

20 décembre 2010

En guise d'au revoir...

Pour consulter le Best of des photos, il faut cliquer sur le diaporama, à, droite. Il y en a plus de 450 et quelques films.
Ce qui est pénible avec les Blogs c'est que le lecteur commence par la fin. Essayez avec "les 10 petits nègres" d'Agatha Christie et vous verrez si vous y prenez le même intérêt. Sinon il faut commencer par le commencement, en septembre, avec la préparation du voyage.

Ces 40 jours dans le désert furent avant tout une aventure humaine et je voudrais remercier les participants qui en ont fait un moment intense où nous avons aussi bien rigolé.

MERCI aux équipages
Les camions incendiés du Long Range Desert Group dans le Djebel Sherif

Jean-Pierre, mon co-équipier et maintenant ami. Ton érudition et tes jeux de mots dont tu as régalé l'expédition à la VHF nous ont ébloui. Je repars quand tu veux...
Jean-Michel et Hugues, plus silencieux à la VHF, mais tellement présents par leur savoir géologique, historique, culinaire et leur science du désert.
Franck et Brigitte dont l'extraordinaire engin IVECO Kaki, mi-camion, mi-palais nous a sorti de l'ornière sableuse si souvent. Votre bonne humeur et le stock inépuisable de bonnes blagues ont rendu ce séjour si agréable. En ajoutant les les compétences mécaniques et informatiques, vous formez une sacré équipe. Votre courage physique après le terrible accident de moto que vous avez subi, nous a impressionné.
Francis et Françoise qui ont préparé ce voyage jusqu'à un niveau de détails inégalés. Françoise, toujours en forme et de bonne humeur, incomparable navigatrice et Francis, inépuisable sur la géologie, le rupestre et la ponctualité.
Jean-Georges et Marie-France. Gidji, ton camarade marin te salue et trouve que les chansons du Vieux Brest que nous avons exécutées (c'est le terme) en plein désert avaient finalement de la gueule. Il parait que les fusiliers-marins chantaient les mêmes à Bir-Hakeim en 1942. Marie-France ton apprentissage de la navigation et ta maîtrise d'oziexplorer ont forcé notre respect.

MERCI aux sites suivants qui ont été d'un grand secours.

Jacques Gandini. A tout seigneur, tout honneur
http://www.extrem-sud.com/
dont les guides si riches d'histoire (s) m'ont donné la passion des voyages au Maroc.

http://tracesdepistes.webou.net/index.php
pour télécharger les cartes satellites de la Libye et du Maroc. Un grand coup de chapeau à ceux qui ont bâti ce site qui change les conditions de navigation.

http://www.surlespistes.fr/
de François Guignard. Excellent reportage sur la Libye.

http://saharayro.free.fr/
site d'Yves Rohmer qui fait autorité sur les crashs d'avions au Sahara. A condition que le lien fonctionne !!!


http://murcia-travel-libye.com/
Le site de nos guides accompagnateurs que je recommande chaleureusement et sans complaisance pour leur professionnalisme et leur convivialité.

http://www.sahariens.info/
...que l'on ne présente plus. Une vraie mine.

les forums explo4x4 et Lemarocen4x4 pour leurs nombreuses informations pratiques, lorsque leurs membres ne se trainent pas dans la boue.



Merci à ma femme et mes enfants qui ont accepté mon absence.

19 décembre 2010

14 décembre En route vers Ras El Ajdir, la frontière, au Nord. Bitume

14 décembre En route vers Ras El Ajdir, la frontière, au Nord. Bitume

Petit déjeuner à l’hôtel où des clients libyens ont mis la télé à donf, cela décoiffe le matin. Re-visite du grenier collectif, dont j’avais vu des constructions très semblables au Maroc, appelées Agadir en Berbère.
Nous partons voir une curiosité appelée la Route Magnétique. Il doit s’agir d’une illusion d’optique où les voitures au point mort semblent monter une côte.

Un type s’arrête avec une voiture délabrée et entreprend de nous faire une démonstration de ce que la science libyenne a produit de meilleur : la propulsion magnétique. Il met sa voiture au point mort et ajoute les warnings pour mettre un peu de gaieté.
Oh, miracle, sa voiture recule. 

Tu parles, on ne s’y attendait pas du tout, c’est pathétique. Ce qui serait vraiment marrant, ce serait que sa bagnole verse dans le fossé pendant qu’il est là à nous faire la démonstration.
Cette portion de route, c’est surtout un attrape-couillon, dont les bas-côtés sont jonchés d’ordures. Personnellement, je vois la pente de la route, donc, aucun mystère et je conseille d’éviter le détour de plus de 60 km. Pas de photo de cette couillonnade.

Arrivé à la frontière, je quitte le groupe qui poursuit par la Tunisie, la Méditerranée et Gênes. Un avion devrait Inch’Allah me transporter jusqu’à la maison à Casablanca.



Adieu, cher lecteur anonyme, ici s’arrête ce blog. Bravo pour ta patience, si tu es arrivé jusque là. En résumé pour que ces raids soient réussis, il faut :

  • Une voiture bien équipée, 150 chevaux  minimum, sinon tintin les dunes. Merci M. Toyota
  • Un matériel de camping complet, tentes Quechua et lits de toiles plutôt que des matelas pneumatiques qui ne résisteront pas au terrain.
  • Beaucoup de sopalin pour la vaisselle et le nettoyage, un rouleau par jour.
  • 12 jerry-cans de 20 litres. Les réservoirs auxiliaires que possèdent les autres véhicules,se sont révélés pour la plupart difficiles à remplir.
  • Une bonne organisation intérieure du véhicule,
  • Beaucoup de préparation sur la carte,
  • Des plats cuisinés pour limiter le temps en cuisine et les vins fins appropriés. Le rosé voyage très bien.
  • Un PC costaud équipé avec oziexplorer et pourquoi pas un disque dur auxiliaire pour stocker les photos. Picasa permet une organisation des photos très rationnelle et des possibilités de retouches simples et performantes. Les photos sont souvent sur exposées et une accentuation des contrastes améliore leur lisibilité.
  • Un écran GPS de 7 pouces équipé avec ozice. Je n’ai que des louanges a adresser à mon Mio, acheté 180 euros sur ebay. Les cartes satellites, téléchargées sur le site surles pistes.fr, se sont révélées une aide irremplaçable pour éviter les passages de dunes difficiles.
  • Une puce GSM libyenne achetée sous le manteau pour communiquer avec l’étranger et réduire sa facture. Bien penser à désim-locker le téléphone.
  • Une radio VHF, aux performances bien supérieures à la CB.
  • Un ipod avec un transmetteur FM pour la musique ou les podcasts bien utiles pendant les transits pépères.
  • Le plus important : de la tolérance pour que la cohésion du groupe se maintienne pendant 40 jours. Les grandes gueules qui commencent à éructer par mail avant le départ, à affirmer leurs convictions péremptoires et leur science du désert devraient plutôt voyager seuls. Il est utile que soit représentées des compétences variées : mécanique, informatique, navigation, pilotage.
  • Un guide de bon niveau et je tire mon chapeau à Ali Cuba pour son savoir, sa patience, sa parfaite organisation et sa gentillesse.
  • Beaucoup d’humour pour bien profiter de ces 40 jours.

Adieu chère Libye, on se reverra.

13 décembre Bitume. Crochet par Kabao

13 décembre En route au Nord. Bitume. Crochet par Kabao

J’avoue que le lendemain matin, je sèche la visite de la vieille ville de Ghadamès qui est inoccupée et dont les quelques gardiens de maison prélèvent un péage pour faire visiter l’intérieur. Cela sent le piège à touristes

Nous repartons vers le nord et par la route des écoliers, en direction de la frontière Libyo-Tunisienne. Seule curiosité pour les amateurs de vieux véhicules que nous sommes, un châssis à 4 roues de canon anti-aérien soviétique meurt de tristesse dans le parking d’une station-service.
Il est loin de son Moscou natal où il a vu le jour, en 1981, comme en témoigne la plaque de constructeur.

En France, ce sont plutôt les chiens que l’on abandonne le long des routes et beaucoup plus rarement les canons anti-aériens, mais je peux me tromper. Il est vrai que les chiens sont rares en Libye.

Nous arrivons à Kabao, dans un hôtel assez sympa où certains d’entre nous choisissent de passer la nuit. Le thermomètre viendra tutoyer les 0°C dehors. Bâti dans une ville abandonnée toute en pierre sèche, l’hôtel de l’extérieur s’intègre bien dans le paysage. Un splendide grenier collectif bien restauré mérite le détour.

L’architecture intérieure, contient des petites alvéoles accessibles par des échelles et où étaient stockées les réserves de grains.

Pour la petite histoire, on trouve les mêmes en Tunisie à Tataouine, notamment et l’un des films de la « Guerre des Etoiles » a été tourné à Tataouine. De mémoire, je crois que Georges Lucas, a donné le nom de Taouine à la planète où se déroule l’un des épisodes, le numéro IV peut être, celui où se déroule une course façon Ben-Hur galactique.

12 décembre En route vers Ghadames. Froid et caillasses.

12 décembre En route vers Ghadames. Froid et caillasses.

Au matin, le thermomètre marque deux degrés Celsius. Waow.
Ma combinaison de ski qui me fait ressembler à un éboueur au travail est la bienvenue complétée par les gants fourrés. Les autres rigolent moins de mon déguisement, trop occupés à claquer des dents.

Après le départ, nous croisons un troupeau de chameaux, proches d’un puit. Les guides proposent d’attraper une chamelle, avec l’accord du berger, pour la traire (cela se dit ?). La majorité d’entre nous sont peu enthousiastes à l’idée de perdre du temps dans le froid pour boire 3 gorgées de lait, et nous laissons les chamelles tranquilles.
Au bout de deux heures, changement de conducteur. Pause déjeuner dans le chantier et la maison Franck et Brigitte offre le café. Pas de photo aujourd’hui.

La piste continue jusqu’à Ghadames, à la frontière Libyo-Algéro-Tunisienne toujours aussi sale et fatigante. Nous trouvons un petit hôtel et c’est reparti pour 2 heures d’entretien de la monture : changement des roues arrières par des neuves, soudure électrique des marches-pieds qui brinqueballent. Même pas le temps de prendre une douche avant d’aller dans un petit restau sans prétention mais dont les toilettes pourraient prétendre à l’oscar de la saleté.
Nous sommes vannés, c’est l’heure d’ouvrir les vannes de la douche.

11 décembre En route vers Ghadames. Dunes, crevaison et froid

11 décembre En route vers Ghadames. Dunes, crevaison et froid

Il nous reste 360 km avant d’atteindre Ghadames plein nord. La piste est tout d’abord assez caillouteuse jusqu’à ce que nous atteignions une zone de dunes et de sable plat de 80 km.
La traversée se passe relativement bien, avec pour notre part, un ensablement dû à mon inexpérience, je ralentis un mètre trop tôt avant le sommet de la dune et il me manque juste assez d’élan pour passer de l’autre côté. Il est vrai que la montée à pic, sans voir la descente est assez impressionnante.
Les indications que donnent les premiers à passer les dunes par la VHF sont extrêmement utiles et augmentent la sécurité des passages.

Cela ne nous empêche pas de faire deux vols planés de faible envergure où le pare-choc avant touche terre avant les roues, heureusement sans casse.

La traversée des dunes se termine sans autre encombre et nous repartons sur des pistes plus classiques mais de peu d’intérêt.

Nous croisons de nombreuses traces laissées par les camions sismiques de pétroliers. Il s’agit d’énormes monstres dont les pneus font un mètre de largeur et qui sont munis d’un énorme marteau sous le châssis. Des séries de capteurs reliés à des kilomètres de fils enregistrent les ondes sonores envoyées par le marteau.
Tête de Trépan abandonnée. Les diamants ont disparu. Dommage Mesdames
Vers 17h00 Franck crève un pneu de son camion et à l’occasion de sortir son nouveau cric hydraulique. J’ai la mauvaise idée d’oublier de glisser une planche de bois sous le cric qui s’enfonce dans le sol. A la 2e tentative l’extrémité du cric glissée sous l’axe du pont arrière glisse avec Franck couché sous le camion dont la garde au sol élevée le protège. La 3e tentative sera la bonne et tout cela en un quart d’heure.

Nous bivouaquons au plus près dans un endroit merdique. La température est tombée et le vent se lève, c’est l’heure pour nous d’aller nous coucher.

Au milieu de la nuit, il fait un froid glacial et j’enfile des épaisseurs supplémentaires mais il me sera difficile de me rendormir.

10 décembre En panne dans les dunes

10 décembre En panne dans les dunes. 26° 21 N – 10° 05 E

Après un départ comme d’habitude vers 8h30, le camion de Franck retombe en panne au bout d’une demi-heure. Il contacte le chef d’atelier IVECO avec le téléphone satellite, mais les différents essais proposés par IVECO ne résolvent pas la panne.

La panne, d’origine inconnue, limite la puissance du moteur de façon intermittente.

Franck tente de réparer sur place : nettoyage du circuit d’air, changement de tous les filtres à gas-oil, reset du calculateur électronique, rien n’y fait et la panne semble liée à la température.
Notre parcours prévoit encore 100 km de dunes vers le nord dont certaines assez raides qui rendraient le franchissement impossible, même en traction avec un autre véhicule.

Nous décidons de modifier notre parcours, pour jouer la sécurité et retournons vers Serdelès que nous avions quitté il y a 4 jours et donc de retourner de 80 km vers le sud pour rejoindre une route goudronnée au lieu de continuer plein nord par la piste. Nous suivrons ensuite cette unique route vers l’est, remonterons au Nord et repartirons à l’ouest vers la Tunisie en passant par Sebha et Tripoli que nous voulions éviter. Cela rajoute plus de 600 km et tout se fera sur le bitume. Nous repartons en arrière sur 20 km et déjeunons dans le fond d’un lac asséché. Les pointes de flèches et de harpons en silex abondent.

Breaking News.

Les aléas du direct nous obligent à modifier une fois de plus notre programme.

Franck a une intuition et redémonte le circuit d’admission d’air. Il trouve une feuille de papier d’aluminium qui obstruait la grille d’admission après le filtre à air. Quel est le salopard qui a planqué un sandwich ici ? Personne ne se dénonce, j’espère que Franck ne va pas prendre des otages au hasard.
Franck coiffé de son filtre à air (hair filter... of course)
Re-demi-tour et nous repartons plein nord. A nous les dunes et nous venons de gagner 600 km. Nous traversons la piste dite « des français » qui reliait autrefois la Libye à l’Algérie. Une dune difficile à franchir a d’ailleurs été aplanie par un radier en béton armé dont émergent quelques ferrailles meurtrières pour les pneus.

La piste traverse des champs de cailloux et se transforme en tôle ondulée, résultat du passage des camions qui se sont succédés depuis 70 ans. Deux possibilités : plein pot pour survoler la tôle comme dans le film « Le Salaire de la Peur » ou bien vitesse réduite à moins de 30 km/h.
Le Salaire de la Peur

Franck dont le moral et le camion sont revenus au zénith choisit la 1ere option tandis que pour ménager ses montures, le reste du groupe s’en tient à l’allure réduite.
Le Salaire de la Peur
Nous atteignons une source aménagée avec un tuyau et c’est l’occasion d’une douche qui nous évite de sortir nos jerry-cans d’eau.

Nous bivouaquons au pied de dunes qui émergent du plateau rocheux. La nuit est un peu plus fraîche maintenant que nous remontons vers le Nord en direction de Ghadamès à 380 km. Au bivouac, Ali nous annonce que demain les franchissements de dunes seront difficiles et que la prudence s’impose pour ne pas partir en vol plané ou en tonneaux.

9 décembre Wadi Aramat et Dunes

9 décembre Wadi Aramat et Dunes

Un berger armé d'une lance combat un fauve qui a déjà tué une vache.
La grotte et les peintures de la veille s’étant révélées exceptionnelles, une 2eme visite s’impose au matin. Nous visitons ensuite d’autres abris contenant des peintures de moindre intérêt. Dans notre documentation, un Bachi-bouzouk a indiqué que l’eau du puit voisin exceptionnellement claire est potable. Les têtards qui y pullulent semblent du même avis.
Alors, Amiral, vous en pensez quoi de la Flotte ?
Nous repartons par le même wadi Aramat en sens inverse et croisons un touareg qui nous attendait. Il se plaint d’avoir mal au genou et semble s’en remettre à la médecine des blancs. Avec deux frères médecins, c’est comme si j’avais suivi les cours de la faculté de médecine.
Evidemment, il a encore oublié sa carte Vitale, donc impossible de lui imposer des honoraires que de toute façon, le serment d’Hippocrate proscrit : « Tu soigneras l’indigent sans exiger de rémunération… ».
Je lui demande son âge, qu’il estime entre 30 et 40 ans ou peut être plus. Comme il s’agit d’une douleur persistante et  chronique, cela pourrait être de l’arthrose, même s’il est un peu jeune, quoique sous ces latitudes, on vieillisse vite. En guise de réconfort psychologique, je lui prescris une friction à l’arnica, car nous n’avons rien d’autre. Il repart content avec une nouvelle paire de chaussures qui sera sans doute la meilleure médecine qu’il puisse recevoir et plus efficace que l’arnica.

En quittant le wadi Aramat, nous retrouvons progressivement un paysage de dunes qui encerclent des lacs asséchés, dans lesquels foisonnent les bifaces paléolithiques. Après un passage de dunes un peu Rock’n Roll, le camion de Franck connaît une panne électronique qui limite sa puissance moteur et ne permet pas de dépasser les 20 km/h.
Nous décidons de bivouaquer à proximité le temps de réparer : changement du filtre à gas-oil, nettoyage du filtre à air partiellement obstrué, remise à zéro du calculateur électronique, etc…

Superbe bivouac à l’ombre des dunes et douche en plein air car le soleil est encore haut à 16h30.

8 décembre Tassili Aramat et Wadi Aramat

8 décembre Tassili Aramat et Wadi Aramat

Toujours le même plateau rocheux redécouvert par Ali en 2005 et où les seules traces visibles sont celles de la piste creusée depuis par les groupes qu’il accompagne. Nous repartons sur nos traces de la veille car le plateau se termine en cul de sac et est à 15 km de la frontière algérienne. Après notre invasion du Soudan il ne manquerait plus que nous annexions l’Algérie à la Libye

Nos recherches de la matinée seront peu fructueuses malgré que nous disposions de points GPS de gravures. J’en trouve néanmoins une (pas terrible) sur une pierre plate de 3 kilos. Nous la reposons dans une cache discrète mais accessible aux initiés pour éviter les tentations de pillage.

Au déjeuner, l’inventaire des vivres de notre navire fait apparaître un risque de pénurie de bière. La situation est sérieuse, et même grave et nous réunissons un conseil suprême. Nous décidons d’un strict rationnement, ce sera, comme dit Franck, le plan ORSEC (hors-sec off course). La vie est faite de renoncements…Après 32 jours dans le désert, nos préoccupations ne sont plus très élevées. Je me demande comment Saint-Exupéry a pondu le Petit Prince.

Pendant le déjeuner, les guides sont partis chasser mais reviennent broucouilles.

Nous repartons vers le Nord et quittons le plateau pour retrouver du sable et du roc. Nous atteignons le Wadi Aramat et nous arrêtons devant un poste de police dans un Algeco, posé à l’intersection de 2 pistes. Deux gars montent la garde à 20 km de l’Algérie, c’est encore mieux que le Désert des Tartares comme situation. Devant le poste, une épave de Land-Rover nous inspire une pensée pour Hugues, éminent possesseur d’un Land réformé de l’armée hollandaise et rénové par ses soins.

Le wadi Aramat est large d’un km et bordé de paroi rocheuse, recouverte de sable. Des Euphorbes poussent en abondance ainsi que des touffes d’herbe à chameaux. L’euphorbe est un arbre qu’il faut laisser en paix car le contact de sa sève avec les yeux rend aveugle. Il parait aussi que ses feuilles peuvent avoir des effets hallucinogènes avec lesquelles les junkies du désert se mettent la tête à l’envers.

Les gravures sont rares et assez décevantes, petits chameaux et écriture touareg récente.

En continuant de remonter le Wadi Aramat, nous trouvons un coin de bivouac entre les monticules d’herbe à chameaux et devant un abri sous roche connu pour ses peintures. Celles-ci sont d’une finesse extraordinaire, de couleur ôcre. Des chars Garamantes sont représentés, tractés par des couples de bœufs. Un berger avec sa lance fait face à un lion pour protéger son troupeau de vaches et une vache renversée a déjà été croquée par le lion. Il y a plus d’une centaine de personnages et d’animaux peints. La lumière de la fin du jour est assez bonne pour réussir une série de photos.






Pour nous récompenser de cette trouvaille, il y aura organisation d’une séance de cinéma en plein air avec projection du film « Le 5e élément » de Luc Besson, plus de 10 ans après sa sortie. Excellent film dans l’absolu et encore meilleur sous les étoiles et dans le décor en cinémascope formé par les parois rocheuses du wadi. La nuit est encore chaude.

7 décembre Magidhet et Tassili Aramat

7 décembre Magidhet et Tassili Aramat 25° N 50’ 10° E

La nuit a été chaude pour la saison et nous quittons le bivouac vers 8h00. Au volant toute la matinée, je me suis régalé : sable mou au milieu des rochers de grés, puis piste dure et arrivée sur un immense plateau rocheux (Tassili en arabe) où la moyenne ne dépasse pas 8 km/h. et où la voiture escalade des marches d’escalier. Difficile mais très stimulant, sauf pour Jean-Pierre qui serre les fesses de peur que je n’arrache le pont arrière.

Recherche vaine, la fin de la matinée, de gravures dans des abris rocheux qui devraient pourtant en être truffés.

Nous déjeunons à l’ombre d’un abri et Ali, notre guide, nous promet un festin de gravures pour l’après-midi.

Après 800 m de marche sur le plateau sous un soleil à faire défaillir un légionnaire, nous trouvons de gigantesques gravures, dont les tailles sont les plus profondes que nous ayons vues, et dessinées à même les dalles polies du sol. Girafes, très bien finies, lions, vaches, oryx…


Il fait une chaleur qui nous incite à prendre un peu de repos à l’ombre avant de repartir vers un nouveau site à proximité d’une importante Guelta de la dimension d’une honnête piscine ou d’une belle mare aux canards. La Guelta est un trou d’eau rocheux ou argileux et est alimentée par des eaux souterraines ou le recueil de la condensation sur les rochers. Le plus remarquable, est que je n’avais pas vu autant d’eau depuis plus d’un mois. Cela nous fait tous une curieuse impression, d’autant que les traces d’animaux sont nombreuses à proximité.
Guelta - source rocheuse

Les premiers habitants ont du s’établir à proximité car nous trouvons une gravure de vache de près de 3 m de long, très bien gravée. A proximité, d’autres animaux dont un Oryx dont les cornes de plus d’1 mètre se perdent en zig-zags. Un homme avantageusement proportionné à son extrémité caudale, est aussi gravé à proximité.

Nous nous éloignons de quelques centaines de mètres pour bivouaquer. Le décalage horaire appliqué depuis quelques jours permet d’arriver plus tôt au bivouac et de profiter de près d’une heure de lumière du jour et  d’une longue soirée.

Nuit longue et chaude.

6 décembre - Désert d’Akakus - Serdeles

6 décembre. Saint Nicolas - Désert d’Akakus - Serdeles

Nous quittons le bivouac à 8h00, performance jamais atteinte jusqu’à présent et partons pour le village de Serdeles à 90 km au Nord. Un long crochet pour éviter une piste de sable très mou nous permet de rentrer sur 30 km dans le désert d’Akakus. Décor de western avec d’immenses cathédrales de roches, à perte de vue, posées sur un lit de sable rouge. Une première halte rapide au pied d’un réservoir d’eau, permet une petite lessive et le plein des bidons d’eau non potable pour la toilette. En repartant, une halte permet d’admirer des gravures animales polychromes sous un abri de roches. Dans l’Akakus, nous nous arrêtons en face du rocher le plus remarquable, surnommé le doigt, qui salue les voyageurs du haut de ses 30 mètres. Une photo traditionnelle s’impose, véhicules sales mais alignés à la parade et équipages dehors saluant le doigt levé.

L’arrivée à Serdeles permet de refaire les pleins de gas-oil et de vivres frais pour les 8 prochains jours et de donner quelques nouvelles. Mon fils Charles m’apprend qu’il a gagné le championnat de trottinette de Casablanca, avec à la clé, un téléphone portable et une interview par la chaîne TV Extrem Sports. Il va peut être vouloir passer professionnel. En tout cas, c’était le jour de gloire.

A Serdeles, nous nous gavons de poulet rôti et visitons un petit fort italien des années 30 très bien restauré. Nous quittons Serdeles en direction du désert du Maghidet plus au nord.

La journée aura été l’une des plus riches en paysages, le matin : Akakus et l’après-midi Maghidet.

Il s’agit de formation de grés haut de 10 à 15 m que le vent a sculpté en leur donnant des formes tourmentées mais le plus souvent verticales.
Lorsque la roche a séché, la dessication a produit des cassures verticales et horizontales, tous les 20 cm, donnant à ces rochers l’apparence d’être couverts de moellons. La ressemblance avec des châteaux en ruines vient spontanément à l’esprit. Nous slalomons à vitesse très réduite entre ces rochers posés sur du sable mou et très fin. Les passages ne dépassent parfois pas trois mètres obligeant à de long détours et le relief sableux accidenté nous fait passer par des montagnes russes.

Je pensais avoir vu l’un des plus beau paysage au monde le matin avec l’Akakus, mais le Maghidet est encore plus spectaculaire.





Pas d’émission Rendez Vous avec Monsieur X, car la conduite demande une certaine concentration et les paysages sont époustouflants. Moebius et Gustave Doré ont du venir ici pour trouver leur inspiration.
Nous bivouaquons dans un cirque fermé par ces têtes de grés géantes dont certaines sont percées d’ouverture, travail du vent. Le sable est celui que l’on trouve dans les sabliers.

5 décembre. Sites Tazina à l’approche de Serdeles


5 décembre. Sites Tazina à l’approche de Serdeles

Il a effectivement fait froid, cette nuit, et je bénis ma combinaison de ski, au matin, que Corinne m’envie.

Sur le trajet, pas trop caillouteux, nous visitons encore 2 sites de gravures d’époque Tazina, vieilles de 3.000 ans. Gravées très profondément dans le roc, ces gravures sont d’un style très élaboré et linéaire. Le paysage change et nous roulons sur un sol où alternent sables mous et durs. Nous sommes entourés de cordons de dunes superbes, qui rappellent celles de Merzouga tout en s’étendant sur plus de 60 km de long. Elle sont même sans doute plus belles, n’en déplaise à mes amis marocains.
En faisant une corvée de bois au pied d’un acacia mort, je m’écorche sur son écorce. Acacia 1-0 à la mi-temps. Nous remontons le score, en arrachant de grosses branches à la sangle de traction, score final 3-1 pour les visiteurs. Jean-Pierre est vengé.

Le soir, nous vivons un psycho-drame de groupe intéressant où quelques dissensions s’expriment notamment sur la gestion du temps. Soirée pourrie par quelques réflexions ou sous-entendus mesquins sur le quart d’heure perdu à faire ceci ou cela, alors que les centres d’intérêt de chacun, sont tous autant responsables du temps perdu. Le temps est-il vraiment perdu, si, au final, chacun arrive à se faire plaisir. Il s’agit plutôt de tester la tolérance individuelle vis-à-vis du groupe.
J’admire, néanmoins le talent de certain à faire monter la mayonnaise, à culpabiliser l’un ou l’autre et à dramatiser des sujets d’horaire anodin sous prétexte de clarifier la situation. Cela doit détendre, il faudra que j’essaie demain.

Bref, personnellement, cela me casse les pieds et je préfère rester sur les visions de ces gravures exceptionnelles plutôt que de remuer de petites querelles.